lundi 15 février 2016

Maman! Pourquoi je n'ai pas un papa comme les autres enfants?


- Maman! Pourquoi je n'ai pas un papa comme les autres enfants ? demande la fille
- Ton papa est absent parce qu'il travaille au sud, répond la mère
- Le papa de ma copine Sarah travaille lui aussi au sud mais je l'ai vu plusieurs fois avec elle, dit la fille
Silence
- Mon papa ne travaille pas au sud! C'est faux! continue la fille
Silence
Alors la mère raconta l'histoire de sa séparation avec le père. Une histoire que la fille ne comprenait pas.
La voyant malheureuse (et craignant pour son "équilibre mental"), la mère demanda au père de venir voir la fille .

Première rencontre

Accompagnée de sa tante, la fille alla voir son père chez lui, dans son appartement. Elle ressentit alors une peur qu'elle ne pouvait expliquer.
- C'est ton papa, dit la tante
- Tu es contente de me voir? dit le père en s'adressant à la fille
Elle ne répondit pas. Elle resta muette pendant toute la rencontre.
Le père l'emmena dehors et pris des photos avec elle dans un photomaton.

La fille avait alors 6 ans.

Plus aucun signe du père après cette première rencontre. 
La mère expliquait toujours se comportement par la fameuse phrase: " Ton père a des problèmes en ce moment."
La fille éprouvait de plus en plus de colère. Elle se sentait rejetée.

La fille a maintenant 8 ans.

Deuxième rencontre

La fille frappa à la porte. Le père ouvrit. Son visage changea brusquement d'aspect.
- Va-t-en! Je suis occupé! cria-t-il
Puis il ferma la porte d'un coup sec.
La fille resta clouée sur place. Elle voulait pleurer mais elle ne pouvait pas, quelque chose l'en empêchait. Elle éprouvait pour la première fois de sa vie un nouveau sentiment : de la haine.
Elle descendit les escaliers en courant puis raconta tout à sa mère qui était restée dans la voiture.
La mère monta à son tour. Après une demi-heure, elle descendit de l'appartement.
-Viens! On va voir ton papa! dit-elle
Ça va ma fille? dit timidement le père
Il l'embrassa sur la joue.
- Tu travailles bien à l'école? continue-t-il
- Oui! répond-t-elle, les dents serrées
Les parents s'engagèrent alors dans une discussion d'adultes qu'elle n'aimait pas entendre. Elle préférait rêver d'aventures et de mondes fantastiques. Elle imaginait qu'elle avait des pouvoirs magiques qui pouvaient changer les larmes en fleurs et les colères en papillons.
Son père venait la voir mais il ne la sortait jamais. Il ne l'a jamais emmenée au parc ou au manège. Elle avait l'impression qu'il rendait visite à une malade dans un hôpital. 
Ces visites "hospitalières" durent 2 ans. Et puis plus rien, le père disparut une nouvelle fois.

La fille a maintenant 14 ans.

Elle ne voulait plus le voir. Lui non plus ne cherchait pas après elle. Elle le haïssait tout simplement. Il n'était pas digne d'être père disait-elle souvent.
Elle apprendra qu'il n'avait pas versé la pension alimentaire depuis des années et qu'il risquait la prison pour ça. Tant pis pour lui, il le méritait bien, pensait-elle.
De toute façon, il ne l'aimait pas et elle non plus.
 Entre temps sa grand-mère mourut.
Pour le reste, ça allait...sauf que ses camarades de classe l'appelaient "la fille qui n'a pas de père".
Sans se rendre compte, la haine qu'elle éprouvait pour lui s'étiolait peu à peu laissant place à de la résignation puis au pardon qui s'enracinait de plus en plus dans son coeur. 
Elle ne se posait plus de questions, ça ne servait à rien.

Troisième rencontre

Un jour, elle décida d'aller le voir. Pour la première fois, ils eurent une discussion sérieuse.

Elle avait alors 17 ans.

Son père habitait toujours ce petit appartement à Alger. Il vivait seul. Il avait quelques problèmes professionnels. Il n'avait jamais refait sa vie.
La mère de la fille non plus, n'avait pas refait sa vie, quelle triste histoire.
Depuis ce jour-là, ils se voyaient au moins une fois par semaine et progressivement, sont devenus "proches", non pas comme un père et une fille le sont mais comme des "potes".
Il était cultivé, aimait beaucoup les livres et les jeux de mots. Ils discutaient comme des amis et rigolaient beaucoup. Elle lui a tout pardonné mais n'a pas oublié.

Un mercredi très ensoleillé , ce père rendit son dernier souffle dans ses bras.

Elle avait 30 ans.

La mort de son père avait provoqué en elle une douleur si vive qu'elle demeure présente jusqu'à aujourd'hui.

La fille n'oubliera jamais son père peu importe ce qu'il fut.

Ce texte maladroit est dédié à toutes les filles sans père ou dans l'attente d'un père.

2 commentaires:

  1. Très touchant et émouvant, on ne peut pas détester et oublier son papa malgré tout.

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  2. Comme disait si bien Mr Wilde :“Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent.”

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